Pas de reprise le 11 mai ! Grève ou droit de retrait !

jeudi 30 avril 2020
par  SUD éducation 62

ON REPRENDRA QUAND LES MOYENS D’EXERCER DANS DES CONDITIONS NORMALES (QUOIQUE DÉJÀ ABERRANTES) NOUS LE PERMETTRONT, ET APRÈS NOUS ÊTRE FAIT-E-S ENTENDRE !

S’il est une chose que nous pouvons retenir de la période actuelle, c’est bien le poids de notre secteur dans l’activité économique :
Nous ne sommes en effet pas seulement le secteur de la reproduction de la force de travail, du tri des futur-e-s salarié-e-s en fonction des besoins de la production. En effet, nous constatons qu’à l’heure de « relancer la machine économique » qui préoccupe tant nos dirigeants, nous sommes appelé-e-s à être essentiel-le-s. Bientôt, notre mission sera elle aussi « sacrée », comme celle des hospitalier-e-s. Drôle de période où les soi-disant fainéant-e-s, nanti-e-s de travailleurs/euses des services publics deviennent indispensables.
En effet notre rôle d’ « occupationel-le-s de la progéniture ouvrière » paraît au grand jour puisque la fermeture des écoles empêche nombre de travailleurs/euses de se consacrer à la tâche de production de richesse qui leur est assignée.

Résultat :

SANS NOUS, ON NE PEUT PAS EXPLOITER CORRECTEMENT

On ne reprendra pas parce que :
Enseignant, c’est un métier sous conditions. L’enseignement à distance répond à une définition vieillotte du verbe enseigner = transmettre des connaissances scolaires. Si notre travail était aussi simple, cela nous renverrait à l’époque de Ferry.
Enseigner c’est partager des connaissances, amener les gosses à « assembler des pièces » d’un puzzle, c’est agir sur la Z.P.D. (zone proximale de développement) chère à Vygotski, c’est avoir une relation duelle avec les élèves. Savoir « ce qu’illes » ont dans le crâne pour les faire progresser. Ce n’est pas enseigner à distance ne serait-ce que d’un mètre, c’est avoir une relation avec un-e. Et c’est faire que cette, ces multiples relations duelles aient une ré(ai)sonnance au sein d’un groupe classe, pour entraîner des interactions propices à réfléchir ensemble.
Nier cela est nier notre métier, pour lequel nous avons une qualification, à minima certes, mais aussi une expérience. Enseigner à distance n’est pas enseigner, à fortiori pour les élèves en « difficulté » issu-e-s de quartiers « à problèmes » voire « sensibles ». Il va de soi que ces termes sont ceux des exploitant-e-s, pas les nôtres.

Un boucher travaillerait-il sans frigo, un ouvrier d’entrepôt de supermarché sans transpal ?

L’éducation nationale n’est pas une garderie, ni celle de l’État, ni celle du MEDEF. Ou on est en capacité de faire notre travail, ou pas. En tant que fonctionnaires obligé-e-s de fonctionner, exigeons de la hiérarchie, noir sur blanc, une rupture de notre mission et sa transformation en « gardien-ne-s » d’enfants pour nécessité économique.

L’IMPACT PSYCHOLOGIQUE SUR LES ÉLÈVES

Même si tout se fait comme prévu dans le meilleur des mondes macroniste, nier l’aspect anxiogène d’une reprise avec masques et gants dans une atmosphère pré ou post-apocalyptique est à minima benoîte. Si des adolescent-e-s préparé-e-s et soutenu-e-s psychologiquement pourraient peut-être être à même de gérer ou d’exprimer un stress qu’illes comprennent, ce n’est pas le cas des enfants.

Si tout est respecté, les enfants vont voir leur école transformée en hôpital, leurs instituteur/trices en médecins appliquant les gestes barrière. Les gamin-e-s sont incapables de comprendre cela... Ce qui créera un choc émotionnel, qu’illes ne sauront verbaliser. Est-ce que, sous prétexte de « remettre la France » au travail, il faut marquer psychologiquement une génération sacrifiée sur l’autel des dividendes à verser aux actionnaires ?

LES ENFANTS SONT DES ENFANTS

Si les adultes peuvent adopter les soi-disant et surtout fluctuants « gestes qui sauvent », les enfants en sont incapables. Nous sommes des animaux sociaux qui ont besoin pour vivre de se toucher, d’entrer en contact physique. Si la plupart des adultes ont intégré des normes sociétales qui nous exhortent à ne privilégier la proximité qu’avec les intimes, les enfants ne sont pas comme cela. On ne peut se prétendre « professionnel-le-s de l’éducation » en omettant ce fait. Nos dirigeant-e-s le peuvent, illes n’y connaissent rien, soyons sur-e-s qu’illes font élever leurs propres gamin-e-s par du petit personnel.

Notre utilité sociale est enfin reconnue, même très cyniquement, profitons-en pour réaffirmer nos revendications :

Gel des fermetures des classes et des suppressions de postes (qui continuent en douce pendant le confinement), diminution du nombre d’élèves par classe, augmentation des salaires, amélioration de nos formations pédagogiques et techniques, titularisation de l’ensemble des précaires de l’Education Nationale, refus du renforcement de l’encadrement et refus du statut de des directeurs -rices d’école.

Tirer les leçons de la période : Nous appelons au renforcement de la médecine scolaire, au renforcement du fond social d’éducation pour l’ensemble de nos élèves et de leurs familles, la sanction y compris au pénal de la hiérarchie qui nous a laissé sans moyens et en danger face à la maladie, qui harcèle les enseignant-es, les AESH et autres personnels de proximité.

Nous demandons la reconnaissance automatique du Covid19 en tant que maladie professionnelle et porterons plainte au pénal contre tous les responsables hiérarchiques directs et indirects en cas de contamination.

Nous refusons de reprendre le travail, invitons élèves et parents à venir discuter avec nous de l’école, de ses programmes, de ses méthodes et ses objectifs. Prenons le temps d’interroger notre rôle et nos fonctions dans la société. Questionnons nous sur l’utilité sociale du travail et sa place dans la société.

Nous réunir en Assemblées Générales de l’éducation mais aussi en A.G interprofessionnelles pour décider de notre avenir. Nous appelons à des initiatives tendant à exproprier les exploiteurs et reprendre en mains nos vies, nos écoles et notre santé.


Documents joints

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