Loi Rilhac

La loi réac (elle est facile) ou la caporalisation des directeurs/trices d’école
jeudi 1er avril 2021
par  SUD éducation 62

Depuis des années revient systématiquement sur le tapis la question du statut des directeurs/trices d’école. La majorité des enseignant-e-s du premier degré, directeurs/trices , compris-e-s, sont contre. Ils/elles réclament des moyens et de moins mauvaises conditions de travail.
Ce gouvernement, qui passe encore une fois en force, a commencé par enlever l’aide apportée aux directeurs/trices par les secrétaires (contrats « aidés »). Si SUD éducation s’est toujours positionné contre les emplois précaires, notre démarche a toujours été d’exiger une formation, une titularisation, une rémunération décente et une définition claire de ces emplois. Pas leur suppression.

Blanquer et consorts se servent de la crise du COVID et leur cynisme est à toute épreuve

Les tâches et responsabilités incombant aux directeurs/trices d’école explosent de manière exponentielle, les ratés du gouvernement et les injonctions contradictoires submergent les collègues, voguant au bon vouloir d’un ministre ne communiquant que sur BFM…
Se rendant (enfin !) compte de la difficulté de la direction d’école, ils nous pondent de nouveau un statut, misant sur la non mobilisation dûe au COVID, sur l’individualisme rampant et l’approche des vacances d’été.

Faire primer l’obéissance sur la réflexion.

La volonté est de « mettre au pas » les enseignant-e-s en leur mettant dans les pattes un supérieur hiérarchique de proximité. Sans doute encore une mesure environnementale.
Mais également de transformer les directeurs/trices en Kapos. Charlemagne a créé les Missi Dominici dans les provinces pour vérifier que les comtes appliquaient ses décisions. Blanquer fait pire : il exige que des professeur-e-s d’école chargé-e-s de direction fassent appliquer sur le terrain ses diktats pour la plupart aberrants ( CP et CE à 12, puis jusqu’à 15, Ce2 à...24 ou 25), méthode de lecture d’un autre âge vendue par une association libérale, liée à l’Institut Montaigne... et dont les méthodes scientistes, à minima, nous interrogent.
De plus, il y a fort à parier que ces ex-collégues et néo managers de ressources humaines verront se démultiplier leurs tâches. Finies les discussions avec un-e collègue qui avait la charge administrative de l’école. Avec lequel ou laquelle on pouvait discuter, échanger, argumenter. Ce sera le règne des petits chef-fes, rêvé par une infime minorité des directeurs/trices. Et des clashs dans les écoles, un climat professionnel qui va encore se dégrader.
C’est la division, encore une fois pour mieux régner, d’un corps de métier.

Les parents dans tout ça ?

Encore une fois le message est clair. Laissons s’exprimer ceux et celles qui savent le faire ! Le ou la directeur/trice d’école pourra décider de passer au vote numérique !
Double peine : les « raté-e-s » du système scolaire se verront -de fait- floué-e-s de leur droit de vote. On sait, de par nos formations interprofessionnelles, de par nos contacts informatiques lors du confinement de l’an dernier, que peu d’ouvrier-ères, de chômeurs/ chômeuses ou de personnes au RSA ont et maîtrisent l’outil numérique.

Cette proposition de loi constitue une attaque importante contre les statuts des personnels. La proposition de loi sera soumise dans les prochaines semaines à une seconde lecture à l’Assemblée nationale.

Ce dont ont besoin immédiatement les directrices et directeurs
 une augmentation du temps de décharges
 un allégement des tâches administratives
 une revalorisation salariale
 le recrutement de personnels formés et titularisés sur le poste d’aide à la direction, et intégrés au corps des Adjaenes (Adjoint-e administratif/ve de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur)
Cette proposition de loi constitue une attaque importante contre les statuts des personnels. La proposition de loi sera soumise dans les prochaines semaines à une seconde lecture à l’Assemblée nationale.
Pour SUD éducation, l’heure est donc à la construction d’une large mobilisation des personnels du premier degré, et à instaurer un rapport de force de nature à obtenir non seulement le retrait de ce projet délétère, mais aussi l’amélioration générale des conditions de travail des personnels enseignants, directeurs et directrices dans le premier degré.

N’oublions pas qu’en 1987, organisé-e-s pour la première fois en Coordination, les instituteurs/trices en grève reconductible étaient parvenu-e-s à faire reculer le gouvernement Chirac sur un projet en tous points identiques. 80 000 enseignant-e-s du primaire avaient manifesté à Paris, à la suite de quoi le projet fut enterré. C’est une mobilisation de cette ampleur dont nous aurons besoin une nouvelle fois pour envoyer la loi Rihac à la poubelle ...
SUD éducation invite d’ores et déjà les personnels à se réunir en assemblées générales et à tenir des réunions d’information syndicale pour préparer la riposte.


Documents joints

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