Fin de l’exploitation des élèves comme main d’oeuvre gratuite pendant les vacances au LP Senez.

jeudi 18 juillet 2019
par  SUD éducation 62

Au LP Senez d’Hénin Beaumont, cette année, trois classes ont été mises à la disposition des entreprises pendant une partie des petites vacances, sous couvert de période de formation en milieu professionnel (PFMP).
Les vacances ont été décalées d’une semaine pour une classe. Les deux autres n’ont eu le droit qu’à la deuxième semaine des vacances d’octobre et n’ont pu récupérer la semaine manquante qu’un mois plus tard, alors que tout le monde était en cours.

Les objections des collègues étant restées vaines, Sud éducation 62 s’est penché sur la légalité de cet aménagement du temps scolaire. En effet, cette disposition constitue une modification du calendrier que seule est habilitée à décider la rectrice d’académie. Renseignement pris, ce n’était pas le cas.
C’est donc en toute illégalité qu’une partie des élèves des Bac pro Métiers de la Restauration et Métiers de la relation Clients et Usagers a été contrainte d’effectuer une partie de leur PFMP hors temps scolaire.

Suite à l’intervention de Sud éducation 62, ce dispositif illicite est abandonné pour l’an prochain.


Au LP Senez le partenariat Ecole Entreprise élevé au rang d’art !

Habitué-e-s à ne voir dans nos élèves qu’une variable d’ajustement, certain-e-s vont encore plus loin dans le cynisme.

Cette année au lycée professionnel Henri Senez d’Hénin Beaumont, les élèves de trois classes ont été mis à disposition des entreprises pendant les vacances scolaires*, exploité-e-s comme main d’oeuvre gratuite !

Et ce en toute illégalité !

Certes il est possible d’envoyer des élèves en PFMP pendant les congés à condition que cela n’excède pas une semaine et qu’ils conservent au moins la moitié de la période de vacances. Sauf que cette disposition concerne les élèves qui souhaiteraient découvrir un autre métier (et comme il est indiqué dans une réponse du sénat de 2014 : « Cette catégorie de stages se distingue des « stages scolaires » déjà existants par le fait que ces périodes d’observation en entreprise ne sont pas organisées par les établissements scolaires ») ou ceux qui n’auraient pas validé leur durée obligatoire en milieu professionnel pour pouvoir prétendre passer l’examen.

A partir du moment où cela concerne une ou plusieurs classes dans leur intégralité cela devient une modification du calendrier scolaire. Or seul-e un-e recteur-rice d’Académie est habilité-e à le faire et ce, par arrêté.

Mais là encore, sous certaines conditions qui ne sont pas respectées dans le cas du LP Senez :
 Article D. 521-2 du code de l’Education : Les adaptations du calendrier scolaire national prévues à l’article D.521-1 ne peuvent avoir pour effet de modifier le nombre ou la durée effective totale des périodes de travail et de vacance des classes de l’année scolaire ni l’équilibre entre ces périodes.
Ici, elle scinde une période en deux pour deux classes, ce qui modifie le nombre des périodes et l’équilibre entre ces périodes puisque selon l’article L 521-1 « L’année scolaire comporte trente-six semaines au moins réparties en cinq périodes de travail, de durée comparable, séparée par quatre périodes de vacances des classes. » Quatre, pas cinq !
 Peuvent être modifiées soit la durée, soit seulement les dates d’une période de vacances incluse dans l’année scolaire. [...] Ces modifications ne peuvent excéder trois jours consécutifs, ni réduire à moins de huit jours la durée d’une période de vacances.
Ici, les modifications excèdent trois jours consécutifs pour les trois classes.
 Enfin, l’encadrement des PFMP pendant les vacances n’entre pas dans les ORS hebdomadaires des enseignants de lycée professionnel.
Après vérification, aucune disposition n’a été prise par arrêté par la rectrice de l’académie de Lille.

C’est donc en toute illégalité qu’il est demandé aux élèves de TCOM3 (Terminale Bac Pro Métiers de la relation Clients et Usagers), de TBR2 (Terminale Bac Pro Métiers de la Restauration) et de 2BR1 (Seconde Bac Pro Métiers de la Restauration) d’effectuer une semaine de PFMP pendant les vacances scolaires !

Mais au delà de la légalité, c’est la moralité de cette décision qui est abjecte !

Nous ne sommes pas là pour répondre aux besoins des entreprises mais à ceux de nos élèves !

Nous sommes là pour les former, les aider à connaître leurs droits et à les faire respecter.
Pas pour les exploiter !

Quel message envoyons nous à nos élèves quand on saccage leurs congés ?
Que plus tard ils seront corvéables à merci, alors autant les habituer tout de suite ?

Que dire aux familles qui avaient pris des dispositions particulières pour leurs vacances, se fiant au calendrier officiel de l’Education Nationale ? A moins que l’on parte du principe que « ces gosses de prolos » ne vont quand même pas prétendre partir en vacances ...

Et pour les familles recomposées, parfois éloignées, qui profitent des congés pour se retrouver ?

Et que l’on nous serve pas l’argument du manque de lieux de stage, il n’y a jamais eu autant de commerces et de restaurants sur l’immense zone commerciale proche du lycée et les autres du secteur !

Sud éducation 62 dénonce l’organisation des PFMP pour ces trois classes, l’exploitation des élèves qui en découle et toute pratique visant à asservir les élèves.
Sud éducation 62 invite les collègues à refuser d’être complice de cette mascarade de formation.
Sud éducation 62 réclame l’abrogation de la réforme de l’enseignement professionnel, de la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel et des lois travail.

Pour SUD éducation, l’enseignement professionnel initial doit rester sous statut scolaire.
Nous voulons « une école publique laïque, égalitaire et émancipatrice, qui permette une éducation polytechnique pour tou-te-s jusqu’à 18 ans. »
Une école dégagée des intérêts économiques immédiats.

* Pour les TBR2 et les TCOM3, les vacances d’octobre ont été décalées d’une semaine : PFMP en semaine 43 (au lieu d’être en vacances) puis une semaine de vacances (en 44), suivie de trois semaines de PFMP et de la deuxième semaine de vacances en semaine 48. Il n’est resté que trois semaines de cours jusqu’aux vacances de décembre.
Pour la 2BR1, les élèves sont partis en PFMP les semaines 6 et 7, empiétant sur la première semaine des vacances de février qui ont été décalées d’une semaine pour cette classe (semaines 8 et 9 au lieu de 7 et 8)


Documents joints

Lettre à la Rectrice
Tract 4 PAGES EP PFMP Senez