Projet loi Blanquer : un débat délétère

jeudi 4 avril 2019
par  SUD éducation 62

Depuis les premières annonces, SUD éducation a formulé ses inquiétudes quant aux conséquences du projet de loi Blanquer pour les personnels et le service public d’éducation. SUD éducation a voté contre ce texte en Conseil supérieur de l’éducation, refusant également de jouer aux jeux nuisibles des amendements : le projet de loi n’est pas amendable. Il est à rejeter dans son intégralité

les amendements à la loi blanquer

Au-delà des divers aspects libéraux et autoritaires de cette loi, la fédération SUD éducation est scandalisée par l’avalanche d’amendements sexistes, racistes et nationalistes débattus et parfois adoptés qui en accentuent encore davantage les aspects déjà fortement réactionnaires :

les drapeaux imposés dans chaque salle de classe.
Un amendement a été adopté lundi 11 février obligeant d’avoir des drapeaux français et européen dans chaque salle de classe. SUD éducation a dénoncé immédiatement cette surenchère nationaliste et démagogique, qui a reçu l’assentiment de Blanquer.

l’uniforme pour les élèves et les professeur-e-s ?
Une dizaine d’amendements ont porté sur le port de l’uniforme par les élèves. Blanquer a réaffirmé ce que l’on savait déjà : “j’ai vu les bienfaits de l’uniforme. Je continue à l’encourager”. Rappelons que SUD éducation a dénoncé toutes les expérimentations auxquelles fait référence Blanquer, à commencer par l’uniforme imposé à Provins. Allant toujours plus loin dans le ridicule, un amendement vise également à imposer aux enseignant-e-s une “tenue conforme à l’autorité que doit inspirer un enseignant”.

le débat sur l’interdiction des mères voilées lors des sorties scolaires de retour
SUD éducation avait dénoncé dès 2011 la circulaire Châtel, censurée par le Conseil d’État dès 2013, comme instrumentalisation raciste et xénophobe de la laïcité. Un amendement déposé la remet sur la table. Blanquer répond, s’opposant aux décisions de justice et à la loi : "Je me suis déjà prononcé, j’ai recommandé aux directeurs d’école de ne pas avoir de signes ostentatoires lors des sorties scolaires.”

l’obligation pour les maires de scolariser les enfants migrant-e-s évacuée.
Un amendement adopté donne le pouvoir aux DASEN d’imposer aux maires la scolarisation des enfants ne réglera pas les problèmes, comme si l’Éducation nationale était par essence moins raciste que certain-e-s maires : l’exemple récent de Chilly-Mazarin nous montre le contraire.

une surenchère d’amendements sexistes
divers amendements ont été déposés proposant notamment de supprimer l’enseignement de l’égalité femme-homme ou même l’éducation à la sexualité. Alors que ces questions sont très insuffisamment prises en charge par l’institution et les programmes, les maigres acquis en la matière sont plus que jamais menacés.

Plutôt que de se préoccuper des revendications des enseignant-e-s, le ministre et l’Assemblée nationale préfèrent se vautrer toujours plus dans la surenchère réactionnaire. À l’opposé de ces conceptions rétrogrades et dangereuses, SUD éducation continue à revendiquer une école émancipatrice, gratuite, publique et laïque. SUD éducation a voté contre le projet de loi en Conseil supérieur de l’éducation et exige l’abandon immédiat de ce projet de loi libéral.