Compte-rendu de l’audience en visioconférence accordée par le rectorat aux syndicats le 2 avril 2020

mardi 7 avril 2020
par  SUD éducation 62

Suite à un courrier unitaire où l’intersyndicale académique alertait le rectorat sur l’état des conditions de travail depuis la fermeture des établissements, la rectrice et son cabinet ont reçu en visioconférence les organisations le 2 avril 2020. Synthèse des échanges.

Alors que la crise sanitaire est bien installée, la communication du ministère a montré qu’il tentait de profiter de la situation exceptionnelle pour tenter de se donner le beau rôle en mettant en cause les droits des personnels. Il cherche aussi à banaliser le surcroît de travail et le contrôle des personnels ; il pousse à la généralisation des outils numériques sans évaluer la conséquence sur la santé des personnels ou l’accroissement des inégalités scolaires.

Dès le début du confinement, le mantra de la « continuité pédagogique », mensonger et hors de la réalité, a été également scandé par des chef-fe-s d’établissement gonflé-e-s de zèle pour complaire au ministre et renforcer leur impression de pouvoir – mais parfois oublieux/ses de leur obligation première, celle de garantir la sécurité et la santé des personnels.

SUD éducation et plusieurs autres organisations syndicales ont utilisé l’outil syndical en compilant les informations de terrain remontées par les personnels et en les relayant dans un courrier unitaire d’alerte AD - CGT - FO - FSU - SNALC - SNCL - SNE - SUD éducation - SUNDEP adressé le 20 mars au rectorat.

- Courrier intersyndical d’alerte

En réponse à cette alerte, la rectrice d’académie a accordé une audience à l’intersyndicale le 20 mars ; outre Mme la rectrice, étaient présents le secrétaire général d’académie (SG), le directeur des services de l’Éducation nationale du Pas-de-Calais (DSDEN 62), le directeur des ressources humaines de l’académie (DRH), et plus brièvement le DSDEN du Nord.

L’Union SUD éducation Nord / Pas-de-Calais était représentée et a pu voir et entendre la visioconférence, mais un problème technique non résolu malgré les efforts de SUD éducation Nord et des services techniques du rectorat nous a empêché de nous exprimer directement. Cependant, nous avons pu faire relayer nos positions et nos demandes par l’intermédiaire de notre camarade du SUNDEP-Solidaires, avec qui nous sommes restés en contact, ou suggérer des questionnements à d’autres syndicats via le chat associé au dispositif.

Les échanges ont duré plus de deux heures, avec un temps de parole déséquilibré malheureusement entre l’administration et les organisations syndicales. Mais plusieurs points ont pu être évoqués, dont une partie a pu avoir une réponse précise. En voici la synthèse.

SANTÉ ET ACCUEIL DES ENFANTS DE SOIGNANT·E·S ET D’AUTRES PROFESSIONS

Sécurité des personnels et de leurs familles

L’intersyndicale a en premier lieu posé la question de la sécurité des personnels, alors que les masques manquent et qu’il y a des interrogations sur le nettoyage des locaux – aussi bien sur leur régularité que pour la sécurité des collègues qui se consacrent à cette tâche.

Pour éviter le risque d’une possible contamination par les enfants accueillis qui peuvent être porteurs sains, celles-ci et ceux-ci seront-ils/elles testé-e-s ? Et les enseignant-e-s le seront-ils/elles pour la protection de leur propre famille ? Il y a danger : à preuve le décès d’une ATSEM et plusieurs malades dans une école de Grenay, comme l’indique la FSU.

Réponse de la rectrice

Elle est heureuse de constater qu’il y a suffisamment de volontaires pour l’accueil des enfants de soignant-e-s, et suffisamment pour intégrer les enfants d’autres professions réquisitionnées (pompiers, police…).

En ce qui concerne les masques, une certaine quantité est arrivée dans le Pas-de-Calais ce jeudi 2 avril ; pour le Nord, ils sont attendus à partir de la semaine prochaine. Mais leur utilisation devra être parcimonieuse…

Elle invite les personnels à respecter les « gestes barrière » (éloignement d’un mètre, lavage des mains…). Si des éléments matériels comme le savon manque ou si le nettoyage des locaux est insuffisant, la rectrice invite les organisations syndicales à faire remonter au rectorat tout problème et il interviendra pour qu’il soit résolu.

En ce qui concerne les tests systématiques, la réponse est bien plus que floue, et toute en langue de bois : selon la rectrice il n’existerait pas encore « de test fiable pour le dépistage » (sic !). Il n’y aura donc pas de test. Les enseignant-e-s volontaires ne sont pas en danger selon elle. On ne teste que les personnes déjà malades, et si les enseignant-e-s tombent malades ils et elles seront dépisté-e-s. La rectrice affirme qu’en aucun cas l’employeur ne sera dédouané s’il est établi que sa responsabilité est en cause.

Le Covid-19 sera-t-il considéré comme une maladie professionnelle et la contamination suite à l’exercice de l’accueil comme un accident de service ?

Ces questions posées par SUD éducation sur le chat ont été répétées par un autre syndicat.

Réponse de la rectrice

Pour qu’une maladie soit classée en maladie professionnelle il faut une décision d’expert. Ce n’est pas prévu actuellement par l’Éducation nationale. Concernant l’accident de service, il faut pouvoir l’établir ; or après tout on peut aussi attraper le Covid-19 en allant faire ses courses. La personne doit prouver qu’elle a été contaminée lors de son travail ou son bénévolat professionnel.

- Brochure accident de service / travail Solidaires

QUELLES OBLIGATIONS DES PERSONNELS, QUELLES RESPONSABILITÉS DE L’EMPLOYEUR ?

Injonctions hiérarchiques de présence sur les lieux de travail

Le SUNDEP-Solidaires a relayé une remarque de SUD éducation, appuyée par FO : les trois syndicats font état d’injonctions culpabilisantes venant de chef-fe-s d’établissement, d’IEN de circonscription voire dans certains cas de directeurs/trices d’école, pour que les enseignant-e-s soient « volontaires » pour l’accueil d’enfants de soignants ou pour transmettre des documents.

Réponse de la rectrice

Le rectorat a demandé qu’il n’y ait aucune pression de la sorte. « Le volontariat, c’est le volontariat » (sic). On ne peut que se féliciter de l’engagement des personnels, mais on ne peut pas l’imposer.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

Nous rappelons tout d’abord que les directeurs/trices d’école ne sont pas les supérieur-e-s hiérarchiques de leurs collègues : ils et elles ne doivent en aucun cas leur donner d’ordre ou même relayer une pression émanant de l’IEN de circonscription : à celui-ci ou celle-ci de prendre ses responsabilités, en conscience de son obligation de garantir la santé et la sécurité des enseignant-e-s de la circonscription. D’autre part, alors que de tels consignes nous ont été remontées, en aucun cas un-e directeur/trice ne doit signer une « autorisation de venir à l’école » à destination de parents désireux/ses de récupérer des documents : cette responsabilité n’est pas de sa prérogative et fait courir un risque juridique. C’est à la hiérarchie de prendre ses responsabilités et l’accueil reste sur la base du volontariat. L’urgence est avant tout sanitaire, si vous ne souhaitez pas vous rendre sur le lieu de travail, ou si vous jugez que les conditions sanitaires ne sont pas réunies : priorité à la protection de votre santé et de celle de vos proches, restez chez vous.

- La pandémie et les droits

Que se passe-t-il en cas d’accident de trajet ?

L’intersyndicale a posé la question de la responsabilité en cas d’accident lors d’un déplacement pour l’accueil d’enfants de certaines professions, le contact avec des familles d’élèves, ou la remédiation pendant les vacances annoncées par le ministère.

Réponse de la rectrice

Lorsqu’il s’agit de travailler pour l’État c’est de la responsabilité du rectorat ; si c’est la commune qui organise du périscolaire, alors c’est sa responsabilité. En ce qui concerne des possibles déplacements pendant les vacances, pas de réponse pour l’instant. Concernant les déplacements demandés pour apporter des devoirs dans les établissements ou autres lieux : il y a maintenant un contrat avec la poste qui devrait pallier les déplacements. La rectrice espère que cela va fonctionner. Il est important de ne pas générer de déplacements si on ne veut pas propager la maladie.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

La réglementation ordinaire s’applique en cas d’accident de trajet, il ne faut pas tarder si cette situation se présente malheureusement, à solliciter et à compléter un dossier d’accident de travail/accident de service. Lorsque vous souhaitez participer à cet accueil, nous vous conseillons d’en avoir une trace écrite, type un ordre de mission du/de la supérieur-e hiérarchique ou à défaut une trace écrite plus neutre. Un courriel attestant de l’exercice de la mission peut aussi faire l’affaire. Cela sera utile à joindre au dossier le cas échéant.

À noter : Mme la rectrice semble consciente des problèmes posés par les déplacements : risque de propagation du virus, ou mobilisation d’un lit d’hôpital en cas d’accident le nécessitant. Aussi, pesez bien le pour et le contre, en fonction de ce que vous souhaitez faire et en-dehors de toute pression extérieure. SUD éducation estime que l’accueil des enfants de certaines professions devrait être envisagé beaucoup plus globalement. On voit bien que l’administration n’a pas prévu grand chose, tâtonne au jour le jour et compte sur les personnels pour prendre des décisions organisationnelles.

CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE ET TÉLÉTRAVAIL

Injonctions, contrôle du télétravail

L’intersyndicale demande des clarifications, en particulier sous forme d’une note de service rectorale en direction des chef-fe-s d’établissement, dont certain exercent des pressions sur les enseignant·e·s. Certain-ne-s chef-fe-s ou IEN prennent des initiatives personnelles, par exemple concernant les outils de télétravail (plateformes, etc.), et souhaitent voir les enseignant-e-s y souscrire. D’autres réclament un contrôle journalier ou hebdomadaire des tâches effectuées. D’autres encore insistent sur la nécessité d’évaluer par des notes ou des compétences, en prétextant la finalisation des dossiers d’orientation ou pour les conseils de classe. L’intersyndicale souhaite que des consignes bien plus claires soient données par l’inspection, étant donné ce qui se passe sur le terrain.

Réponse de la rectrice

On ne peut reprocher aux un-e-s et aux autres ce qui s’est fait au début, car la situation était nouvelle et d’urgence. Mais maintenant c’est clarifié. Si on ne peut travailler chez soi on demande une Autorisation Spéciale d’Absence.

Concernant les outils de télétravail : le rectorat recommande de n’utiliser que les outils validés par l’Éducation nationale (ENT, Pronote, CNED).

Concernant le télétravail le message du rectorat aux inspecteurs/trices précise qu’il ne doit pas y avoir d’évaluation du télétravail (une recommandation en ce sens a été envoyée aux chef-fe-s d’établissement mercredi 1 avril), ni de sur-investissement numérique. La rectrice est d’accord avec l’intersyndicale pour considérer qu’il faut faire attention à ne pas surcharger les élèves de travail.

Le ministre ne s’est pas encore exprimé sur la question des remontées. Il n’y a pas de « flicage » des enseignant-e-s ; les remontées demandées sont seulement là pour « objectiver »(sic) la situation, afin d’évaluer le nombre d’élèves ne répondant à rien et susceptibles de ne pas avoir les conditions matérielles requises pour travailler. La rectrice affirme que la priorité est de limiter les décrochages (donc ni d’évaluer, ni de faire avancer les programmes). Les injonctions contraires à cela doivent être remontées au rectorat et aux inspecteurs/trices, et on peut utiliser à cette fin le numéro de téléphone mis en place dans chaque département.

- Consignes ministérielles face au covid 19 : toujours plus de travail pour les directeurs et directrices d’école
- L’urgence est avant tout sanitaire - Stop aux injonctions, attention aux conditions

Garde d’enfants et télétravail : double ou triple journée de travail

SUD éducation a pu faire relayer par le SUNDEP-Solidaires sa remarque concernant les collègues, souvent des femmes, qui se sentent obligé-e-s de télétravailler tout en s’occupant de l’organisation exigée par le caractère exceptionnelle de la situation et des travaux des enfants : cela pose la question de la pénibilité d’une double, voire triple journée de travail pour les personnels ayant des enfants.

Réponse de la rectrice

Cette pénibilité est prise en compte. Les personnes peuvent solliciter une autorisation d’absence exceptionnelle pour pouvoir s’occuper de leurs enfants. Il n’y aura aucune pression sur le volume du travail réalisé.

Sur la reprise du cours normal après le confinement

L’intersyndicale s’interroge sur les modalités de reprise du travail après le confinement si tou-te-s les élèves n’ont pas eu accès au travaux proposés par les enseignant-e-s.

Réponse de la rectrice

Il faut tenir compte des inégalités et maintenir la continuité en consolidant les acquis. La fin de l’année scolaire pose question.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

Les textes concernant le télétravail sont clairs : celui-ci se fait sur la base du volontariat et ne peut en aucun cas être imposé. D’autre part, c’est l’administration qui doit nous fournir les outils, y compris la connexion ; cela peut être une raison pour ne pas se consacrer au télétravail.

Par ailleurs la liberté pédagogique est entière ! Les enseignant-e-s choisissent donc leur rythme et leurs modalités de travail, y compris pour ce qui concerne l’évaluation. Les doyens du corps d’inspection ont en effet relayé la demande de prudence concernant l’évaluation, pour SUD éducation celle-ci est de la liberté des enseignant-e-s et ne saurait accentuer l’inégalité numérique ou être anxiogène pour les élèves – qu’elle soit uniquement valorisante, donc.

Il ressort de l’entretien intersyndical avec la rectrice, que les compétences sont également concernées par cette analyse : autant ne pas évaluer sur ce terrain, sinon cela serait une véritable rupture d’égalité dans les conditions actuelles.

Par ailleurs, l’urgence est avant tout sanitaire : la priorité est la santé de toutes et tous, il ne s’agirait pas de l’altérer en s’imposant, dans une situation de confinement qui pourrait avoir des conséquences d’ordre psychologique, de travailler encore plus que d’habitude. Il convient de se préserver, c’est légitime et légal.

SUD éducation rejette enfin l’expression de « continuité pédagogique », qui est contredite par la situation réelle ; tout au plus peut-on parler de maintien d’un lien, ou d’une veille pédagogique, ou d’un suivi : il y a pleinement rupture de continuité, en réalité.

Protection des données et propriété intellectuelle

Une autre question de SUD éducation a été relayée par le SUNDEP-Solidaires : quelle garantie le rectorat ou le ministère peuvent-ils donner pour l’utilisation du site du CNED ? En effet, celui-ci fonctionne avec l’environnement logiciel Blackboard, dont la politique de propriété des données et documents manquent particulièrement de clarté.

Réponse de la rectrice

Aucune réponse concernant Blackboard ou la protection des données personnelles des enseignant-e-s ou des élèves.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

Ma classe à la maison utilise Blackboard : voir notamment sur cette page. Sur la propriété intellectuelle : « (d) Blackboard peut exercer les droits afférents à votre contenu qui lui sont accordés en vertu des présentes conditions sans devoir verser pour ce faire de quelconques droits de sociétés d’auteur, droits de diffusion, paiements, frais ou redevances qui seraient applicables en vertu d’une convention collective, d’un accord de licence ou autre. » - voir les conditions d’utilisation. Sur la confidentialité des données, on note la possibilité de partager les données personnelles avec des partenaires et des tiers, de transférer des informations hors de votre pays ou des les utiliser à des fins publicitaires - voir la déclaration de confidentialité. SUD éducation se demande si le ministère a négocié des conditions moins intrusives pour l’utilisation de Blackboard par Ma classe à la maison. Étant donné le lien qu’il a tissé avec des transnationales, il est permis d’en douter.

Cette absence de garantie pose question quant à l’usage de cet outil. Il ne faut pas hésiter à poser la question localement. Signalez-nous tous les faits qui pourraient montrer qu’il y a effectivement un problème.

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Protection personnelle ou fonctionnelle

L’intersyndicale demande que soit clarifiée la question de l’utilisation des téléphones personnels, et les précautions à prendre (par exemple tous les collègues n’ont pas eu l’avertissement à propos de Discord donné par le corps d’inspection car il n’a pas toujours été relayé par les chef-fe-s d’établissement aux personnels).

Réponse de la rectrice

Les personnels prennent des risques en utilisant leurs adresses mail personnelles ou leurs numéros de téléphone personnels : les enseignant-e-s doivent rester prudent-e-s. La rectrice invite à appeler les familles en numéro masqué, mais rappelle que si une personne ne veut pas utiliser son téléphone personnel c’est son droit ; cette personne travaillera alors autrement, ou demandera une ASA.

Les chef-fe-s d’établissement peuvent prendre des initiatives en la matière si cela rentre dans le cadre de la RGPD puisque le rectorat sait que les ENT ne fonctionnent pas bien, comme par exemple fournir un numéro unique de l’établissement ou un standard téléphonique.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

SUD éducation appelle à la plus grande prudence en la matière. Les garanties au niveau ministérielle ne sont pas suffisantes. Il ne faut pas tarder à relayer tout problème à ce sujet en direction du rectorat, de préférence avec l’aide d’un syndicat. SUD éducation déconseille aux personnes d’utiliser tout numéro ou adresse personnels, il convient donc de refuser d’appeler les élèves comme le demandent certain-e-s chef-fe-s d’établissement trop zélé-e-s ou imprudent-e-s, et faire remonter immédiatement les cas de pression en la matière au syndicat, pour relais au rectorat.

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Fourniture ou financement du matériel par l’employeur

L’intersyndicale signale le coût du télétravail, étant donné que rien n’était prêt et rien n’est financé en matière de matériel, de connexion, de forfaits téléphoniques.

Réponse de la rectrice

L’administration s’engage à rembourser tous les frais liés au télétravail. Des recommandations de sécurité seront envoyées aux chef-fe-s d’établissement et aux IEN en ce sens et ce sera aussi mis sur le site académique.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

SUD éducation a des doutes sur l’effectivité de cette mesure ; cela peut valoir le coup de s’appuyer là-dessus pour solliciter un financement de la connexion au prorata de son usage pour le télétravail, ou de tout coût relatif à celui-ci. La démarche a plus de chance d’aboutir si elle est collective et relayée par l’intersyndicale.

AESH, PERSONNELS DES GRETA, CONTRACTUEL-LES, ASSISTANT-ES DE LANGUE

Contrats précaires

Le SUNDEP-Solidaires pose avec SUD éducation la question de la sécurité pour les AESH. D’autre part, pour les contractuel-le-s, y aura-t-il prolongation des contrats, même si ce n’est pas demandé par les chef-fe-s d’établissement ? L’intersyndicale demande des précisions sur la situation des assistant-e-s étrangers/ères confiné-e-s en France.

Réponse du DRH

Tous les contrats de contractuel-le-s seront prolongés. Si de nouveaux besoins apparaissent ce sera étudié au cas par cas. Pour permettre cela, on ne va pas lancer de politique de recrutement dans l’immédiat.

Pour les assistant-e-s étrangers/ères des solutions sont à l’étude en lien avec le ministère pour leur protection et leur accompagnement.

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GRETA

La FSU et SUD éducation remontent que les personnels des GRETA n’arrivent pas à obtenir les ASA pour garde d’enfants. Ils et elles ne semblent pas bénéficier des mêmes droits que les autres personnels.

Réponse de la rectrice et du DRH

C’est étonnant. Le rectorat va recontacter les GRETA pour faire une mise au point. Les pressions et dysfonctionnements doivent être remontés par les organisations syndicales.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

Les personnels confronté-e-s à ces situations doivent prendre attache avec un syndicat de leur choix pour les faire remonter : les engagements du rectorat sur ces points semblent clairs, restent à les confronter à des situations réelles.

VACANCES ET SOUTIEN SCOLAIRE

L’intersyndicale estime que le programme de soutien scolaire est contestable, et pose la question des vacances. À ce jour il n’y a aucune modalité définie ; une demande est faite pour que cela n’arrive pas au dernier moment, comme pour le début du confinement.

Réponse de la rectrice

Le soutien scolaire est fait sur la base du volontariat des enseignant-e-s et des familles. Il ne doit pas comporter d’avancée sur les programmes. Pour les modalités, c’est en réflexion, et le soutien ne se fera peut-être pas la première semaine.

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ÉLÈVES EN SITUATION DE HANDICAP

L’intersyndicale s’inquiète collectivement de la situation pour les élèves de SEGPA et d’ULIS, et ceux de REP+. Le confinement accentue les fractures culturelles, sociales, numériques.

Réponse de la rectrice

La rectrice reconnaît la difficulté à gérer le handicap et le fait qu’il y a peu de ressources. C’est un gros problème pour les familles, mais pour l’instant l’administration n’a pas réussi à mettre en place une solution satisfaisante. Le rectorat travaille sur la possibilité de passer par le PIAL pour la définir et la mettre en place.

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

Les collègues AESH n’ont pas à assumer individuellement ou via un PIAL l’absence d’anticipation de l’administration. En cas de pressions, contacter un syndicat de son choix.

SITUATION EN LYCÉES PROFESSIONNELS

L’intersyndicale signale par la voix d’AD que dans certaines matières techniques il est très difficile d’assurer un télétravail. En effet certain-ne-s professeur-e—+s ont plus de cent élèves à gérer, avec une seule heure de cours par semaine parfois, ce qui fait dix-huit classes à suivre (biotechnologie, arts appliqués...).

Réponse de la rectrice

La rectrice reconnaît qu’il y a très peu d’offre d’aides pour les matières techniques dans ces lycées en terme d’enseignement à distance, et que les lycées professionnels ont été négligés sur ce point.

PARCOURSUP ET EXAMENS

L’intersyndicale demande si les procédures Parcoursup ne sont pas affectées par le confinement. Elle pose également la question du baccalauréat et des E3C. Un syndicat s’oppose au bac en contrôle continu et souhaite des épreuves avec des sujets refaits en tenant compte de la situation exceptionnelle. Le SUNDEP-Solidaires relaie une demande différente pour lui et SUD éducation Nord : la validation de tou-te-s les élèves pour chaque examen et notamment le baccalauréat.

Réponse de la rectrice

Les chiffres concernant Parcoursup sont dans la normale habituelle. D’autre part, il est important qu’il y ait un bac. On attend les décisions ministérielles. Pour ce qui est de refaire des sujets adaptés à la situation, ce n’est pas possible car c’est très compliqué et cela prend un an et demi. Pour une validation pour tou-te-s les élèves, la rectrice commence par plaisanter et dire « je vais vous laisser en discuter entre vous, vous allez avoir des choses à vous dire », puis reprend son sérieux pour ajouter qu’il ne faut pas « perdre le sens de cet examen » (sic). Elle ajoute que la question des examens « pose des questions par milliers » (sic).

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

SUD éducation revendique la validation automatique des examens auxquels auraient à se présenter les élèves, y compris le bac français avec un dispositif sans notation qui permette de le faire. De même SUD éducation revendique au moins la suspension et à long terme l’abrogation de Parcoursup, et la possibilité pour chaque élève de terminale de s’inscrire dans l’université de son choix pour suivre le cursus de son choix.

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STAGIAIRES

L’intersyndicale relaie les inquiétudes des stagiaires quant aux validations.

Réponse du secrétaire général

C’est une question de premier plan. Lundi 6 avril doit avoir lieu un point de contact avec la DGRH (direction générale des ressources humaines du ministère) sur cette question.

PRÉPARATION DE LA RENTRÉE – CARTE SCOLAIRE

L’intersyndicale souhaite que les Comités techniques (CT) soient reportés car ils ne peuvent être tenus dans de bonnes conditions, et qu’il soit mis un arrêt sur toutes les suppressions de poste et fermetures de classe. Le SUNDEP relaie la demande de SUD éducation Nord , et s’y associe, qu’au contraire des postes soient même créés pour diminuer les effectifs des classes et opérer des rattrapages dans de bonnes conditions.

Réponse du secrétaire général

Il y a déjà du retard dans la préparation de la rentrée et la tenue des CT ; il n’y a donc pas de report possible.

Réponse de la rectrice

La préparation de la rentrée doit être faite et il faut tenir les instances dans des délais contraints. Pour ce qui est des créations de postes, l’État a des impératifs économiques et cette crise va coûter très cher ; la priorité va aux services hospitaliers et « il faut être solidaire ».

Remarques de l’Union académique SUD éducation Nord / Pas-de-Calais

La rectrice botte en touche, mais sa réponse est consternante quand on sait les coupes budgétaires subies par l’hôpital depuis au moins le gouvernement précédent, et confirmées par ce gouvernement, la suppression de l’ISF (impôt sur la fortune) qui était destiné à financer la solidarité nationale, la fraude fiscale qui n’est que modérément combattue (c’est un euphémisme !), et la prolongation du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi), qui pérennise des cadeaux de dizaines de milliards aux entreprises les plus riches… qui ont, qui plus est, versé encore très récemment des dividendes confortables aux actionnaires. Les mesures du gouvernement concernent avant tout le soutien au capitalisme et à la finance, davantage qu’aux salarié-e-s. Et toutes celles et ceux qui travaillent dans des conditions à risque sans ce qu’il faut pour se protéger ? On se demande de quelle solidarité on parle. De l’argent il y en a !

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 Lien vers l’article original sur le site de SUD éducation 59